Hodgkin mon ami

Début novembre 2012, je passe enfin ma première aplasie à la maison. Elle devrait se terminer, c'est pour bientôt, mes deux prises de sang hebdomadaires devraient me le confirmer…oui ça y est c’est bon.

Chouette, j’ai fait super gaffe, tout le temps le masque, pas de câlin avec les petites (pour éviter tout transfert de microbes sur les vêtements) désinfection des mains le plus souvent possible (c’est si bon pour l’hydratation de la peau).

Et pourtant,…je sens à ce…petit picotement au fond de la gorge…on verra demain

Ça ne rate pas !! bim j’ai une rhino ou un truc dans le genre…je commence à avoir le nez pris, je tousse…pfff

Faut que je surveille ma température, au-delà de 38,5’ C je dois aller aux urgences de St-Louis tout en prenant les antibio qu’ils m’ont donné…pour l’instant aujourd’hui ça va.

Le lendemain, des amis sont avec nous pour un brunch, on discute ça se passe bien, ils voient les ptites, une journée tranquille. Il faut pourtant se rendre à l’évidence, je tousse de plus en plus. Je prends ma température en fin de journée… : aïe 39’C…

Je ne veux pas y aller, j’appelle le service C6 le lendemain, il faut venir, passer par les urgences pour l’admission, on ne peut pas faire autrement.

On laisse les filles à mes beaux-parents je crois, je fais mon sac et ma femme m’accompagne aux urgences. J’ai peur à nouveau, j’y vais comme à un abattoir, j’ai vraiment un mauvais pressentiment…

La séparation sera très très difficile.

Finalement je n’aurai pas à attendre longtemps aux urgences, juste le temps de passer dire bonjour en Réa à ceux que je connais.

Aux urgences, ils sont déjà au courant de mon arrivée (grâce à C6) ce ne sera donc qu’une auscultation de formalité, je monte en C6 dans une chambre.

On est en plein WE de pont en novembre, il n’y a pas grand monde au sein du staf médical, je vois le médecin à qui j’explique ce que j’ai, il prend mes constantes : c’est pas terrible, manque d’oxygène, température etc…

Et qui je vois rentrer dans la chambre, la femme docteur à qui je venais de dire bonjour quelques heures avant, en Réa, c’est le médecin qui s’occupe de moi…je sais déjà ce qu’elle va me dire, je n’ai pas envie de l’entendre…

« on va voir ce que ça donne mais il y a de fortes chances qu’on vous prenne en Réa… »

Je pense qu’elle m’a accordé par gentillesse, un sursis jusqu’au lendemain « pour voir » comme elle a dit.

Dimanche 4 novembre 2012, prise de constantes, ça ne s’améliore pas. Je la vois à nouveau entrer, je vois tout de suite à sa tête que la décision est prise, je n’ai pas pu retenir mes larmes pendant le trajet…et là comme par hasard, je vous le donne en mille, qui s’est pointé sans attendre ????....le BRANCARDIER, nan mais bordel !!!

Ah là un dimanche 4 novembre il est rapide…pfff

Bref, j’arrive, chambre 2, la même que pour ma première arrive en Réa…j’ai encore le droit à un « Bonjour Monsieur Drancourt » mais je sens bien que tout comme moi, ce n’est pas la joie de se voir…

Et c’est repartit, je vous passe l’étape des capteurs et tout le reste.

Je fais la connaissance d’une infirmière très gentille qui s’occupera de bien de moi durant mon séjour. Elle vient d’apprendre qu’elle était enceinte et nous discutons beaucoup, d’enfants, de ses origines asiatiques (comme ma femme), de pleins de choses en fait.

Nous passerons la semaine comme ça, à faire connaissance.

C’est une semaine très difficile, une énième semaine et je commence à avoir épuisé mon stock de films à regarder…heureusement je continue à avoir des visites durant ces longues journées…

D’ailleurs en parlant de visite, ce matin je vois des allées et venues dans la chambre d’à côté… un moment donné je compte même jusqu’à 4 personnes qui entrent…

Bin ça alors, alors qu’à moi on m’a toujours dit 2 personnes max !!

Une infirmière arrive et j’en profite pour lui demander :

« excusez-moi mais dans la chambre d’à côté, comment ça se fait qu’ils peuvent rentrer à plus de deux !!?? (avec ma tête de réclamation) »

« ah mais c’est parce qu’ils sont venus voir le corps… »

« ah…(ça c’est fait !!)…euh….c’est la chambre numéro 1 c’est ça ? »

« oui »

« bon promettez-moi de ne pas me mettre dans la chambre 1 si je devais revenir… »

« oh vous savez…dans les autres c’est pareil…(bim une deuxième) »

« ah donc dans ce lit, il y a eu aussi des décès ? »

« bin oui… »

« vous avez bien frotté après hein… ??!! »

Au moins la messe est dite, je sais à quoi m’en tenir…

Je tousse de plus en plus, j’ai même le kiné de l’hôpital qui vient me voir pour faire des séances de kiné respiratoire, pour ceux qui ont déjà vu ça sur des bébés, c’est similaire.

L’idée est d’évacuer les liquides contenus dans les poumons, car visiblement ils se remplissent… !!

Les premiers jours de la semaine, j’ai de moins en moins besoin d’oxygène avec le masque, mais rapidement il y a une stagnation…

Un matin en pleine séance de kiné, je sens une douleur intense dans la poitrine…

« oh certainement une contraction musculaire » me dit la kiné…

Dimanche 11 novembre 2012 (c’est précis hein…) je commence à sentir une petite douleur dans la poitrine à chaque inspiration d’air, c’est bizarre mais bon.

Le chef de service vient me voir en me disant qu’on va me faire un scanner pour comprendre pourquoi mon rétablissement ne progresse plus…(il me l’a bien vendu là)

Bon ok, je pars donc faire mon scan.

J’ai la visite d’une amie, ça fait du bien de pouvoir discuter un peu car je n’ai pas trop le moral, moi qui pensait être rétabli en une semaine et remonter en C6 tranquillement…

Le chef de service revient, me voir, à sa tête je vois qu’il y a quelque chose qui ne va pas.

« Monsieur Drancourt, je n’ai pas une bonne nouvelle, vous faites un pneumothorax et c’est ce qui empêche votre guérison, il faut vous opérer rapidement !

J’ai personnellement appelé un de mes confrères à l’hôtel Dieu spécialisé sur ce type d’intervention et il va s’occuper de vous, vous allez passer au bloc demain et puis vous reviendrez ensuite… »

Avec cette annonce, je suis complètement anéanti, je fonds en larme, mais pourquoi le sort s’acharne autant sur moi !!??? J’ai même, l’espace de quelques secondes, des idées noires en têtes, j’ai comme une envie que tout s’arrête pour moi, à n’importe quel prix…

Et puis la raison reprend le dessus, je ne peux pas abandonner.

En larmes, je lui pose les dernières questions, comment se passe l’opération, quand suis-je transféré, qu’est-ce qu’un pneumothorax…

En une ou deux, l’ambulance arrive, mon amie est restée présente pour ne pas me laisser seul en de telles circonstances. Pendant le trajet j’arrive à prévenir mes proches, mes deux meilleurs amis viendront à l’Hôtel Dieu pour mon transfert.

J’arrive, je découvre les lieux, ah une fenêtre, c’est déjà ça…

La présence de mes deux meilleurs amis comptera énormément ce jour-là, ils resteront au maximum auprès de moi pour me soutenir.

Le médecin, chef du service vient me voir, m’explique ce que j’ai et surtout ce qu’il va se passer. D’abord ils vont devoir me poser un drain thoracique pour éviter que le décollement de la plèvre ne progresse encore, ensuite que je serai opéré au bloc à la première heure pour recoller la plèvre…

Il est très tard et je suis fatigué de toute cette journée douloureuse dans tous les sens du terme.

Quand rentre, le médecin accompagné de…une personne, ah non deux, trois, quatre, cinq, six puis 7 personnes !!!

Non mais qu’est-ce qu’il se passe ??!!

« on vient vous posez le drain. » (ah oui, à vous tous, c’est si compliqué que ça ???... )

En fait il y a le chef de service, le chirurgien, l’infirmier et puis tous les autres qui sont venus voir…

« mais je ne descends pas au bloc pour le faire ? »

« non non pas le temps, on va le faire ici dans votre chambre… »

(ah oui super, on va m’enfoncer un drain dans le thorax dans un milieu non stérile…)

Malgré une anesthésie locale, l’opération est tout de même un peu douloureuse, un des spectateurs y a d’ailleurs perdu sa main en me disant « allez-y serrer… »

Ça y est le drain est posé, il est presque une heure du matin, je dois maintenant essayer de dormir un peu dans cette nouvelle chambre minuscule mais avec une fenêtre, une lueur d’espoir…demain je passe au bloc !

@suivre...